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de l’expérimentation chez les êtres vivants.

première phrase de la Nosographie de Pinel : « Une maladie étant donnée, trouver sa place dans un cadre nosologique[1]. » Personne, je pense, ne considérera que ce but doive être celui de la médecine entière ; ce n’est donc là qu’un point de vue partiel, le point de vue taxonomique.

Après la nosologie est venu le point de vue anatomique, c’est-à-dire, qu’après avoir considéré les maladies comme des espèces morbides, on a voulu les localiser anatomiquement. On a pensé que, de même qu’il y avait une organisation normale qui devait rendre compte des phénomènes vitaux à l’état normal, il devait y avoir une organisation anormale qui rendait compte des phénomènes morbides. Bien que le point de vue anatomo-pathologique puisse déjà être reconnu dans Morgagni et Bonnet, cependant c’est dans ce siècle surtout, sous l’influence de Broussais et de Laënnec, que l’anatomie pathologique a été créée systématiquement. On a fait l’anatomie pathologique comparée des maladies et l’on a classé les altérations des tissus. Mais on a voulu de plus mettre les altérations en rapport avec les phénomènes morbides et déduire, en quelque sorte, les seconds des premières. Là se sont présentés les mêmes problèmes que pour l’anatomie comparée normale. Quand il s’est agi d’altérations morbides apportant des modifications physiques ou mécaniques dans une fonction, comme par exemple une compression vasculaire, une lésion mécanique d’un membre, on a pu compren-

  1. Pinel, Nosographie philosophique, 1800.