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considérations spéciales aux êtres vivants.

est l’organisme privé du mouvement vital, et c’est naturellement dans l’étude des organes morts que l’on a cherché la première explication des phénomènes de la vie, de même que c’est dans l’étude des organes d’une machine en repos que l’on cherche l’explication du jeu de la machine en mouvement. L’anatomie de l’homme semblait donc devoir être la base de la physiologie et de la médecine humaines. Cependant les préjugés s’opposèrent à la dissection des cadavres, et l’on disséqua, à défaut de corps humains, des cadavres d’animaux aussi rapprochés de l’homme que possible par leur organisation : c’est ainsi que toute l’anatomie et la physiologie de Galien furent faites principalement sur des singes. Galien pratiquait en même temps des dissections cadavériques et des expériences sur les animaux vivants, ce qui prouve qu’il avait parfaitement compris que la dissection cadavérique n’a d’intérêt qu’autant qu’on la met en comparaison avec la dissection sur le vivant. De cette manière, en effet, l’anatomie n’est que le premier pas de la physiologie. L’anatomie est une science stérile par elle-même ; elle n’a de raison d’être que parce qu’il y a des hommes et des animaux vivants, sains et malades, et qu’elle peut être utile à la physiologie et à la pathologie. Nous nous bornerons à examiner ici les genres de services que, dans l’état actuel de nos connaissances, l’anatomie, soit de l’homme, soit des animaux, peut rendre à la physiologie et à la médecine. Cela m’a paru d’autant plus nécessaire qu’il règne à ce sujet dans la science des idées différentes ; il est bien entendu que, pour juger ces questions, nous nous