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considérations spéciales aux êtres vivants.

ganes, soit sur les tissus ou sur les éléments histologiques eux-mêmes. Il y a des vivisections extemporanées et d’autres vivisections dans lesquelles on produit des mutilations dont on étudie les suites en conservant les animaux. D’autres fois la vivisection n’est qu’une autopsie faite sur le vif ou une étude des propriétés des tissus immédiatement après la mort. Ces procédés divers d’étude analytique des mécanismes de la vie, chez l’animal vivant, sont indispensables, ainsi que nous le verrons, à la physiologie, à la pathologie et à la thérapeutique. Toutefois, il ne faudrait pas croire que la vivisection puisse constituer à elle seule toute la méthode expérimentale appliquée à l’étude des phénomènes de la vie. La vivisection n’est qu’une dissection anatomique sur le vivant ; elle se combine nécessairement avec tous les autres moyens physico-chimiques d’investigation qu’il s’agit de porter dans l’organisme. Réduite à elle-même, la vivisection n’aurait qu’une portée restreinte et pourrait même, dans certains cas, nous induire en erreur sur le véritable rôle des organes. Par ces réserves je ne nie pas l’utilité ni même la nécessité absolue de la vivisection dans l’étude des phénomènes de la vie ; je la déclare seulement insuffisante. En effet, nos instruments de vivisection sont tellement grossiers et nos sens si imparfaits, que nous ne pouvons atteindre dans l’organisme que des parties grossières et complexes. La vivisection, sous le microscope, arriverait à une analyse bien plus fine, mais elle offre de très grandes difficultés et n’est applicable qu’à de très petits animaux.