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de l’expérimentation chez les êtres vivants.

qui doivent profiter à des multitudes d’innocents pendant le cours de tous les siècles[1]. Le grand-duc de Toscane fit remettre à Fallope, professeur d’anatomie à Pise, un criminel avec permission qu’il le fît mourir et qu’il le disséquât à son gré. Le condamné ayant une fièvre quarte, Fallope voulut expérimenter l’influence des effets de l’opium sur les paroxysmes. Il administra deux gros d’opium pendant l’intermission ; la mort survint à la deuxième expérimentation[2]. De semblables exemples se sont retrouvés plusieurs fois, et l’on connaît l’histoire de l’archer de Meudon[3], qui reçut sa grâce parce qu’on pratiqua sur lui la néphrotomie avec succès. Les vivisections sur les animaux remontent également très loin. On peut considérer Galien comme le fondateur des vivisections sur les animaux. Il institua ses expériences en particulier sur des singes ou sur de jeunes porcs, et il décrivit les instruments et les procédés employés pour l’expérimentation. Galien ne pratiqua guère que des expériences du genre de celles que nous avons appelées expériences perturbatrices, et qui consistent à blesser, à détruire ou à enlever une partie afin de juger de son usage par le trouble que sa soustraction produit. Galien a résumé les expériences faites avant lui, et il a étudié par lui-même les effets de la destruction de la moelle épinière à des hauteurs diverses, ceux de la perforation de la poitrine

  1. Celsus, De medicinâ, in præfatione, edit. Elzevir de Vander Linden, p. 6 et 7.
  2. Astruc, De morbis venereis, t. ii, p. 748 et 749.
  3. Rayer, Traité des maladies des reins, t. iii, p. 213. Paris, 1841.