Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/170

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
164
de l’expérimentation chez les êtres vivants.

vie. Il ne s’agit en effet pour le physiologiste que de décomposer la machine vivante, afin d’étudier et de mesurer, à l’aide d’instruments et de procédés empruntés à la physique et à la chimie, les divers phénomènes vitaux dont il cherche à découvrir les lois.

Les sciences possèdent chacune sinon une méthode propre, au moins des procédés spéciaux, et, de plus, elles se servent réciproquement d’instruments les unes aux autres. Les mathématiques servent d’instrument à la physique, à la chimie et à la biologie dans des limites diverses ; la physique et la chimie servent d’instruments puissants à la physiologie et à la médecine. Dans ce secours mutuel que se prêtent les sciences, il faut bien distinguer le savant qui fait avancer chaque science de celui qui s’en sert. Le physicien et le chimiste ne sont pas mathématiciens parce qu’ils emploient le calcul ; le physiologiste n’est pas chimiste ni physicien parce qu’il fait usage de réactifs chimiques ou d’instruments de physique, pas plus que le chimiste et le physicien ne sont physiologistes parce qu’ils étudient la composition ou les propriétés de certains liquides et tissus animaux ou végétaux. Chaque science a son problème et son point de vue qu’il ne faut point confondre sans s’exposer à égarer la recherche scientifique. Cette confusion s’est pourtant fréquemment présentée dans la science biologique qui, à raison de sa complexité, a besoin du secours de toutes les autres sciences. On a vu et l’on voit souvent encore des chimistes et des physiciens qui, au lieu de se borner à demander aux phénomènes des corps vivants de leur fournir des moyens