Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/162

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
156
de l’expérimentation chez les êtres vivants.

et l’on comprend alors comment une fonction toute chimique peut être réglée par le système nerveux, de manière à fournir les liquides organiques dans des conditions toujours identiques. Nous ne nous étendrons pas davantage sur ces indications d’analyse expérimentale ; nous nous résumerons en disant que proscrire l’analyse des organismes au moyen de l’expérience, c’est arrêter la science et nier la méthode expérimentale ; mais que, d’un autre côté, pratiquer l’analyse physiologique en perdant de vue l’unité harmonique de l’organisme, c’est méconnaître la science vitale et lui enlever tout son caractère,

Il faudra donc toujours, après avoir pratiqué l’analyse des phénomènes, refaire la synthèse physiologique, afin de voir l’action réunie de toutes les parties que l’on avait isolées. À propos de ce mot synthèse physiologique, il importe que nous développions notre pensée. Il est admis en général que la synthèse reconstitue ce que l’analyse avait séparé, et qu’à ce titre la synthèse vérifie l’analyse dont elle n’est que la contre-épreuve ou le complément nécessaire. Cette définition est absolument vraie pour les analyses et les synthèses de la matière. En chimie, la synthèse donne poids pour poids le même corps composé de matières identiques, unies dans les mêmes proportions ; mais quand il s’agit de faire l’analyse et la synthèse des propriétés des corps, c’est-à-dire la synthèse des phénomènes, cela devient beaucoup plus difficile. En effet, les propriétés des corps ne résultent pas seulement de la nature et des proportions