Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
123
identité des principes de l’expérimentation.

mènes sont d’une complexité énorme, et de plus la mobilité des propriétés vitales les rend beaucoup plus difficiles à saisir et à déterminer.

Les propriétés de la matière vivante ne peuvent être connues que par leur rapport avec les propriétés de la matière brute ; d’où il résulte que les sciences biologiques doivent avoir pour base nécessaire les sciences physico-chimiques auxquelles elles empruntent leurs moyens d’analyse et leurs procédés d’investigation. Telles sont les raisons nécessaires de l’évolution subordonnée et arriérée des sciences qui s’occupent des phénomènes de la vie. Mais si cette complexité des phénomènes vitaux constitue de très grands obstacles, cela ne doit cependant pas nous épouvanter ; car au fond, ainsi que nous l’avons déjà dit, à moins de nier la possibilité d’une science biologique, les principes de la science sont partout identiques. Nous sommes donc assurés que nous marchons dans la bonne voie et que nous devons parvenir avec le temps au résultat scientifique que nous poursuivons, c’est-à-dire au déterminisme des phénomènes dans les êtres vivants.

On ne peut arriver à connaître les conditions définies et élémentaires des phénomènes que par une seule voie. C’est par l’analyse expérimentale. Cette analyse décompose successivement tous les phénomènes complexes en des phénomènes de plus en plus simples jusqu’à leur réduction à deux seules conditions élémentaires, si c’est possible. En effet, la science expérimentale ne considère dans un phénomène que les seules conditions définies qui sont nécessaires à sa pro-