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de l’expérimentation chez les êtres vivants.

que l’autre. Le mot force que nous employons n’est qu’une abstraction dont nous nous servons pour la commodité du langage. Pour le mécanicien la force est le rapport d’un mouvement à sa cause. Pour le physicien, le chimiste et le physiologiste, c’est au fond de même. L’essence des choses devant nous rester toujours ignorée, nous ne pouvons connaître que les relations de ces choses, et les phénomènes ne sont que des résultats de ces relations. Les propriétés des corps vivants ne se manifestent à nous que par des rapports de réciprocité organique. Une glande salivaire, par exemple, n’existe que parce qu’elle est en rapport avec le système digestif, et que parce que ses éléments histologiques sont dans certains rapports entre eux et avec le sang ; supprimez toutes ces relations en isolant par la pensée les éléments de l’organe les uns des autres, la glande salivaire n’existe plus.

La loi nous donne le rapport numérique de l’effet à sa cause, et c’est là le but auquel s’arrête la science. Lorsqu’on possède la loi d’un phénomène, on connaît donc non seulement le déterminisme absolu des conditions de son existence, mais on a encore les rapports qui sont relatifs à toutes ses variations, de sorte qu’on peut prédire les modifications de ce phénomène dans toutes les circonstances données.

Comme corollaire de ce qui précède, nous ajouterons que le physiologiste ou le médecin ne doivent pas s’imaginer qu’ils ont à rechercher la cause de la vie ou l’essence des maladies. Ce serait perdre complètement son temps à poursuivre un fantôme. Il n’y a aucune