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de l’expérimentation chez les êtres vivants.

la liqueur du sang et les fluides intra-organiques constituent en réalité ce milieu intérieur.

Chez tous les êtres vivants le milieu intérieur, qui est un véritable produit de l’organisme, conserve des rapports nécessaires d’échanges et d’équilibres avec le milieu cosmique extérieur ; mais, à mesure que l’organisme devient plus parfait, le milieu organique se spécialise et s’isole en quelque sorte de plus en plus du milieu ambiant. Chez les végétaux et chez les animaux à sang froid, ainsi que nous l’avons dit, cet isolement est moins complet que chez les animaux à sang chaud ; chez ces derniers le liquide sanguin possède une température et une constitution à peu près fixe et semblable. Mais ces conditions diverses ne sauraient établir une différence de nature entre les divers êtres vivants ; elles ne constituent que des perfectionnements dans les mécanismes isolateurs et protecteurs des milieux. Les manifestations vitales des animaux ne varient que parce que les conditions physico-chimiques de leurs milieux internes varient ; c’est ainsi qu’un mammifère dont le sang a été refroidi, soit par l’hibernation naturelle, soit par certaines lésions du système nerveux, se rapproche complètement, par les propriétés de ses tissus, d’un animal à sang froid proprement dit.

En résumé, on peut, d’après ce qui précède, se faire une idée de la complexité énorme des phénomènes de la vie et des difficultés presque insurmontables que leur détermination exacte présente au physiologiste, quand il est obligé de porter l’expérimentation dans ces milieux intérieurs ou organiques. Toutefois, ces