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identité des principes de l’expérimentation.

ou intra-organique. Chaque année, je développe dans mon cours de physiologie à la Faculté des sciences ces idées nouvelles sur les milieux organiques, idées que je considère comme la base de la physiologie générale ; elles sont nécessairement aussi la base de la pathologie générale, et ces mêmes notions nous guideront dans l’application de l’expérimentation aux êtres vivants. Car, ainsi que je l’ai déjà dit ailleurs, la complexité due à l’existence d’un milieu organique intérieur est la seule raison des grandes difficultés que nous rencontrons dans la détermination expérimentale des phénomènes de la vie et dans l’application des moyens capables de les modifier[1].

Le physicien et le chimiste qui expérimentent sur les corps inertes, n’ayant à considérer que le milieu extérieur, peuvent, à l’aide du thermomètre, du baromètre et de tous les instruments qui constatent et mesurent les propriétés de ce milieu extérieur, se placer toujours dans des conditions identiques. Pour le physiologiste, ces instruments ne suffisent plus, et d’ailleurs, c’est dans le milieu intérieur qu’il devrait les faire agir. En effet c’est le milieu intérieur des êtres vivants qui est toujours en rapport immédiat avec les manifestations vitales, normales ou pathologiques des éléments organiques. À mesure qu’on s’élève dans l’échelle des êtres vivants, l’organisation se complique, les éléments organiques deviennent plus délicats et ont besoin d’un milieu intérieur plus perfectionné. Tous les liquides circulant,

  1. Claude Bernard, Leçons sur la physiologie et la pathologie du système nerveux. Leçon d’ouverture, 17 déc. 1856. Paris, 1858, t. i. — Cours de pathologie expérimentale (The medical Times, 1860).