de s’engager ſincerement à Mulei-Hamet, il ne luy fut plus difficile de luy avoüer que d’abord elle l’avoit trompé pour ramenér Abenamar ; & enfin de luy dire qu’elle ne pouvoit l’aimer, quoy qu’elle en eût le deſſein, & qu’elle l’eſtimât plus que tous les autres hommes.
Cet aveu plein de franchiſe donna de l’admiration à Mulei-Hamet mais il luy donna une douleur tres-ſenſible, & il ceſſa de luy rendre des ſoins qui réveilloient la tendreſſe qu’elle avoit pour ſon Rival ; de ſorte que livrée à ſes chagrins, & s’accoûtumant en quelque façon à la ſolitude, elle ſe fortifioit ſans ceſſe dans la reſolution qu’elle avoit déja priſe.
Abenamar ſachant que Mulei-Hamet ne la voyoit plus reſolut en luy portant les derniers coups de la reveiller de l’aſſoupiſſement où elle ſembloit eſtre. Il fit publier qu’il eſtoit preſt d’épouſer Zaïde ; & par les meſures qu’il avoit priſes, il fit