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avoit bien voulu accorder, elle conclut que le dépit ſeul n’auroit pû l’engager à luy faire cette injure ſi ſa paſſion avoit toujours eſté la même, qu’il entroit de la froideur pour elle, & de l’inconſtance dans ce procedé, & elle fut plus que jamais perſuadée de la neceſſité de ſe détacher d’Abenamar, mais elle ne fut pas long-temps ſans en ſentir toute l’impoſſibilité.

Elle rencontroit à tous momens Zaïde & Abenamar enſemble, cette veuë la faiſoit fremir, la tendreſſe de Mulei-Hamet ne la conſoloit point, elle vit qu’elle alloit le rendre malheureux, & elle chercha un remede ſeur & qui ne dépendit que d’elle.

Les deſerts luy parurent des lieux convenables à ſes malheurs, mais elle medita la fuite long-tems ſans pouvoir quitter une Cour où elle voyait tous les jours un ſpectacle cruel pour ſon cœur.

Depuis qu’elle eut pris le party