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nouvelle Eſpagnole.

moyen de la voir ſans témoins, pour achever de s’éclaircir de tous leurs ſoupçons. Elle le luy promit & le lendemain en luy apprenant le lieu & l’heure où il pourroit luy parler, elle le luy envoya toutes les lettres qu’elle avoit receuës de Mulei-Hamet. Abenamar tranſporté de plaisir, l’aſſura qu’il ne manqueroit pas d’aller où elle luy marquoit, & Fatime ne pouvoit douter qu’il ne s’y trouvaſt.

Cependant ſi-toſt que le meſſager fut party, Abenamar s’enferma, il lut toutes les lettres de Mulei-Hamet, & il en trouva qui réveillerent ſa jalouſie. Quelques unes de ſes lettres ſuppoſoient une complaiſance de la part de Fatime, à quoy il ne s’eſtoit plus attendu depuis qu’elle luy avoit parlé. Son dépit luy ferma les yeux ſur les raiſons de cette complaiſance, qui n’eſtoit que l’effet des chagrins de Fatime contre luy. Il ne vit rien, ſinon trop de douceur pour ſon