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nouvelle Eſpagnole.

mais receuës ſans la paſſion qu’elle avoit pour Abenamar, & elle prit ſoin que ce qui ne faiſoit que par rapport à lui n’en fût pas ignoré.

La jalouſie de cet Amant augmenta aſſez pour luy donner envie de changer ou de feindre au moins d’avoir changé ; il fut honteux de n’avoir que des chagrins quand Fatime avoit un nouvel engagement, il rendit des ſoins à Zaïde, qui n’étoit pas auſſi belle que Fatime, mais qui l’eſtoit aſſez pour luy donner de la crainte, & dont la naiſſance êtant égale à celle d’Abenamar, pouvoit luy donner de l’inquietude ſur le mariage.

Le chagrin reciproque d’Abenamar & de Fatime, leurs froideurs & leurs incivilitez, lorſqu’ils ſe rencontroient furent extraordinaires, mais cet eſtat violent ne pouvoit long-temps durer. Un jour la fortune les fit rencontrer ſeuls dans l’appartement de la Reine, qui eſtoit enfermée