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nouvelle Eſpagnole.

puis qu’elle avoit toujours tenu la premiere place dans ſon cœur ; ainſi elle conclut que retournant chez elle, elle y trouveroit certainement des nouvelles qui la conſoleroient. Sa viſite ne dura que le temps préciſement néceſſaire pour le devoir, & elle retourna en ſon logis agitée d’eſperance, & malgré elle, d’un peu de crainte.

Si-toſt qu’elle y fut entrée, elle demanda à une de ſes femmes qui avoit toute ſa confiance, ſi elle n’avoit pas vû un courîer d’Abenamar. On luy dit qu’il n’en étoit pas venu. Là-deſſus elle s’enferma dans ſon cabinet fondant en pleurs. Celle qui luy avoit donné une ſi cruelle nouvelle n’y put eſtre admiſe, & Fatime s’abandonna à tout ce que la honte, le dépit & l’amour ont de plus violent.

Cependant Abenamar n’eſtoit point coupable, il n’avoit pas crû devoir confier à un Secretaire les ſentimens qu’il avoit pour Fa-