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TRIPLEPATTE
LE VICOMTE.

Oui ! oui ! Vous allez encore me dire des choses désobligeantes… Je sais très bien que je vous dois beaucoup d’argent… Mais je veux y penser le moins possible… Ça m’ennuie beaucoup, beaucoup de vous en devoir tant. Mais à vous, qu’est-ce que ça peut vous faire ? C’est de l’argent que vous toucherez, vous ; moi, c’est de l’argent qu’il me faudra payer.

BOUCHEROT.

Vous savez très bien que madame la Chanoinesse, votre tante, ne veut plus répondre pour vous.

LE VICOMTE.

Elle dit ça ! Elle ne veut pas dire qu’elle répond pour moi. Elle sait que j’en abuserais… Mais vous savez très bien, tous, que vous serez payé un jour ou l’autre, et je vous souhaite d’être payé le plus tard possible : mon argent vous rapporte de gros intérêts, et vous ne trouverez pas de si tôt une si bonne affaire… Je sais que vous n’en faites pas toujours, de bonnes affaires. Je sais très bien ce que vous a coûté le petit Lescotoy, qui a ruiné plusieurs usuriers. Car on dit toujours que vous exploitez les fils de famille. Mais il y a des fils de famille qui la connaissent et qui vous exploitent bien aussi !

BOUCHEROT.

Si je vous disais ce que j’ai perdu depuis cinq ans…

LE VICOMTE, l’arrêtant du geste.

Vous avez perdu moins que ça… Mais vous avez