Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/95

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour moy. Depuis un temps je vois un changement en vos manieres, qui me fait croire que vous ſçavez quelque choſe de mon ſecret. L’Amirale fut fort ſurpriſe à ſon tour du changement de ſes manieres ſi reſpectueuſes, & ne trouva pas bon qu’on luy reprochaſt ſa douceur, qu’elle n’avoit pas encore ſongé à ſe reprocher. Un grand trouble parut ſur ſon viſage, & elle luy dit avec un peu de colere, il me ſemble que vous ne devriez pas abuſer de ce que la pitié m’a obligée de faire, & ſon embarras l’empeſchant de continuer, Federic qui ne comprenoit rien à cét emportement, luy dit ; Madame, je n’ay pas crû qu’un aveu qui marque l’eſtime que j’ay pour vous vous deuſt offencer, mais puiſqu’il vous déplaiſt, je n’en diray pas d’avantage. L’Amirale qui mouroit de peur qu’il ne ſe teuſt, luy dit languiſſamment ; parlez Prince, j’oublie un peu de ma ſeverité, puiſqu’auſſi bien j’en ſçay trop pour n’écouter par le reſte favorablement. La Princeſſe qui ſe perdoit de plus en plus, & qui ne comprenoit rien à cette ſeverité ny à cette faveur qu’on luy faiſoit va-