Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Federic, que perſonne ne ſe pouvoit faire l’aplication des plaintes qu’elle contenoit. Camille commencoit à reſpirer, & ſe remettoit peu à peu de l’apprehenſion qu’elle avoit euë, quand l’Amirale prenant l’élegie avec aſſez de dédain, commenca de ſe radouçir, puis une rougeur qui luy monta ſur le viſage faiſant comprendre à Camille que ſa jalouſie ſe devoit fixer ſur elle, Madame, luy dit-elle, d’un ton fort aigre, voſtre fierté rebutante pour tout autre Amant vous donne un Prince fatigué de ſoûpirs, mais prenez y garde, ſi je ne me trompe, vous ſoûtiendrez peu ce caractere, j’ay remarqué dans vos premiers mouvemens quelque choſe d’aſſez peu fier, & ſi la ſuite répond à ce commencement, je crains bien que cette ſeverité que vous avez euë pendant l’indifference de Federic, ne finiſſe avec elle. Cependant ſuivez mon conſeil, continuez-là, ſi vous voulez faire durer une paſſion qu’elle a fait naître. Je vous en crois, luy dit l’Amirale en ſe levant pour s’en aller. La Princeſſe fut picquée au vif de cette réponſe & de ce départ ſi bruſque. Chacun ſe