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ſes penſées à ce qu’on aime, je ſuis reſolu de n’aimer jamais rien. La Princeſſe qu’un tel diſcours affligeoit étrangement, luy répondit cependant d’un ton aſſez fier. Hé bien ! gardez cette indifference ſi pleine d’appas pour vous. Elle n’eut pas la force de luy parler d’avantage, & ſe retira bruſquement ; luy qui vit partir Federic de cette maniere, en fut aſſez mal content, & ne croyant pas l’avoir offenſé, il fit reflexion ſur tout ſon procedé reſervé & peu ſincere, & trouva dans ſa façon de vivre avec luy je ne ſçay quoy de particulier, qu’il ne put prendre que pour l’effet de quelque antipatie naturelle, il admira comment on pouvoit aimer la ſœur dont on haïſſoit tant le frere, & ſe reſolut cependant de le ſervir & dans ſa haine & dans ſon amour. Il écrivit au Roy ſon pere, & tâchant de le flechir par les bons offices qu’on leur avoit rendus, il luy propoſa le mariage de Camille & de Federic, diſant qu’il ſembloit que déja le Ciel euſt aſſemblé leurs cœurs pour unir deſormais leurs maiſons, & ajoûtant que Menfroy n’y ſeroit point contraire, que l’amitié