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entierement abandonnés. Le bruit de tout ce qui ſe paſſoit fut bien-toſt répandu, une fille de la Princeſſe ne put s’empeſcher de blâmer tout haut Federic, & luy meſme y vint comme les autres, & mélant ſes infortunes particulieres aux publiques, il voulut voir en meſme temps s’il ne pourroit point faire changer la face des choſes. Camille voyant l’autheur de tant de miſeres n’en put ſoütenir la veuë, & ſe tourna d’un autre coſté. Federic remarquant cette action, vint ſe jetter à ſes pieds, & ſuivant ſa pente naturelle fit remarquer tant de paſſion dans ſes jeux, que Camille malgré tout ſon abbatement s’en apperçeut bien-toſt. Que voulez-vous, Prince, luy dit-elle, d’une voix baſſe ? Ah ! Madame, qu’il eſt tard de ſe declarer, luy dit le tendre Federic, j’aime, mais helas ! je n’euſſe jamais pu me reſoudre à vous l’apprendre qu’en cette extremité. Ah ! Prince luy dit-elle, ne vous contraignez pas, la connoiſſance trop certaine que j’ay de ce que vous ſentez pour une autre me met en cét état, mais je la pers avec la vie. Ah ! Madame, s’écria Federic, j’atteſte le Ciel,