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peu de ſuite il ſeroit difficilement reconnu pour le Prince de Barcelonne. Enfin ils arriverent au Palais où tout parloit de la maladie de Camille. Cette Princeſſe aprés étre ſortie d’une lethargie, avoit fait de ſi puiſſans efforts pour guerir ſon cœur que ſon corps y avoit ſuccombé. Elle fut priſe d’une fiévre ſi violente, que dés ſon commencement on en apprehenda la ſuite. Cépendant Ardalin ſe rendit avec Amaldée à l’appartement de Camille. Quel fut l’étonnement de la Princeſſe à cette veuë inopinée ! le remords d’avoir negligé un époux qui quittoit tout pour la venir trouver, la honte de l’avoir trahy pour celuy qui triomphoit peut-étre de toutes ſes peines, & qui s’en faiſoit peut-étre honneur auprés de ſa rivale, la mirent dans une confuſion étrange. Comme Amaldée la voulut preparer à l’arrivée d’Ardalin, qu’elle n’avoit que trop reconnu, elle l’interrompit & adreſſant la parole au Comte de Barcelonne, où venez-vous, Prince, luy dit-elle, & qui vous fait prendre le ſoin d’une malheureuſe que le Ciel a trop abandonnée ? ah ! Madame, luy