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qui le mettoient à la geſne. Le ſeul Amaldée avoit l’air ſi tranquille, que la Princeſſe de Sicile crut qu’il étoit le plus heureux de tous les hommes : & aprés une legere converſation, le cœur gros de ſoupirs, qu’elle avoit eu peine à étoufer, & les jeux humides de larmes, qu’elle ne pouvoit plus retenir, elle ſortit ne pouvant ſoutenir d’avantage la triſte reflection qu’elle faiſoit ſur le bonheur d’Amaldée. Mais la Princeſſe Camille eut d’autres ſentimens de ce départ ſi precipité, & ayant tres-bien remarqué le deſordre de Federic en la preſence de ſon frere, elle crut en étre la cauſe & s’en aplaudit en ſecret. Amaldée étant demeuré ſeul avec ſa ſœur (car Leon ſortit un moment aprés Federic) luy propoſa de continuer leur voyage, & luy dit, qu’ils avoient demeuré trop long-temps dans un Païs ennemy, qu’il falloit en ſortir au plutôt, & reprendre la route de Barcelonne, où le Prince Ardalin les attendoit. Camille fremit à ce diſcours, & mettant tout en uſage pour reculer encore de quelques jours ce départ terrible qui luy devoit tant couter, elle le fit reſoudre, quoy qu’avec une grande