Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/28

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& faiſant comparaiſon des ſentimens qu’elle avoit pour celuy qu’elle n’oſoit pas ſeulement ſouhaiter pour ſon Amant, & de ceux qu’elle avoit pour celuy qui dévoit étre ſon époux, elle y trouva une difference ſi grande, qu’elle en fut épouvantée ; hé quoy ! diſoit-elle, la mal-heureuſe Camille laiſſera ſon cœur dans Meſſine pendant qu’elle ira languiſſante & deſolée paſſer ſes jours à Barcelonne, il n’en ſera pas ainſi. Tâchons du moins de retarder un mariage ſi funeſte, implorons l’amitié d’un frere ſans luy découvrir pourtant ce qui nous devroit étre caché à nous-même. Elle alloit paſſer dans ſon appartement lorſque le Prince Leon entra dans le ſien avec deſſein de la prévenir pour luy, en prevenant ſon pretendu rival dans ſa declaration, qu’il croyoit avoir toûjours éludée en l’obſedant continuellement, il la trouva ſi réveuſe & ſi abattuë, qu’il n’eut pas la force de luy parler, & ces deux mal-heureux Amans demeurerent dans un ſilence, qui auroit attendry tous ceux qui les auroient obſervez, & dont à peine s’apperçevoient-ils eux-mêmes. Le Prince Amaldée les en tira