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aiſément les découvrir, & que leur Navire ayant été englouty, on n’avoit pas eu le loiſir d’en remarquer les pavillons. On n’eut pas de peine à leur ajoûter foy ſur ce qu’ils diſoient de leur naiſſance, leur maniere & leur air la marquoient aſſez. On ſoupçonna ſeulement quelque galanterie entre des gens dont le ſang faiſoit toute la liaiſon. Mais il eſt temps que l’on ſçache comme ils furent conduits ſur les terres de Sicile.

Le Prince Ardalin Comte de Barcelonne, étant paſſionnément amoureux de la fille de Berranger, qu’il avoit veüe à Majorque, où il avoit ſejourné quelque-temps, la fit conſentir à devenir ſon épouſe : la Princeſſe Camille ayant beaucoup d’eſtime pour luy, & n’ayant point de paſſion, reçevoit ſes vœux avec une grande honneſteté que la paſſion d’Ardalin luy faiſoit prendre pour quelque choſe de plus delicat. Enfin obligé de retourner à Barcelonne, il luy fit promettre de ſe reſſouvenir des ſentimens qu’il avoit pour elle, & peu de temps aprés il la fit demander en mariage au Roy ſon pere, qui trouvant le party avantageux, la luy accorda avec