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ples, ne trouvez vous pas quelque choſe de fort ſurprenant à ce que l’on nous dit de l’amour, que l’on nous depeint comme un enfant, & que l’on nous fait toutefois comme un ennemy ſi redoutable. Je ne ſçay qu’en penſer, luy dit Federic, mais peut-eſtre le trouverons nous plus à craindre, quand nous ſerons un peu moins enfans. C’eſtoit ainſi que ces deux aimables Princes s’entretenoient à l’âge de douze ans : on tâcha cependant d’inſpirer à Federic autant d’indifference qu’il en avoit beſoin pour le perſonnage qu’il devoit faire, & on luy inſinua ſur tout, que pour regner paiſiblement ſur le Trône il falloit auſſi regner ſur ſon cœur. Le Roy ſon Pere avoit eu ſoin de l’inſtruire de bonne heure des raiſons de ſon déguiſement, & luy avoit fait promettre que pendant ſa vie & celle de Berranger, il ne decouvriroit jamais ce qu’il eſtoit, pour oſter à ſon ennemy l’espoir de luy ſucceder dans la Sicile. Federic entra dans ces ſentimens & ne connoiſſoit point d’autre paſſion que celle de regner. Enfin quand il eut atteint l’âge de dix-ſept ans, il fut inſtruit à tous les exercices qui