Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/172

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pour elle. Partir ſans ſe faire connoiſtre, ou ſe faire connoiſtre quand il falloit partir ? eſtoient des reflexions ſi tumultueuſes, qu’il luy falloit de temps pour ſe déterminer, la Reine n’eſtoit pas moins à plaindre qu’elle, l’idée de ne voir jamais ce que l’on aime eſt la plus cruelle choſe que l’imagination puiſſe repreſenter, il falloit qu’elle le viſt du moins encore une fois. Le Roy l’obſedoit continuellement, & la choſe étoit preſque impoſſible, dans ce beſoin preſſant il luy fallut riſquer quelque choſe. Elle ſe fia à la diſcretion d’une de ſes femmes qui luy laiſſa ſa chambre où l’on pouvoit venir par un eſcalier dégagé. Cette femme prit le ſoin d’y conduire Federic qui eſtoit reſolu d’employer le credit de la Reine, ignorant la part qu’elle avoit à cette avanture. Comme le Roy avoit mis ce ſoir-là des eſpions auprés de luy, il ne manqua pas d’eſtre averty du chemin qu’il avoit pris. La Reine ſe trouvant mal, s’étoit miſe ſur un lit de repos où toute baignée de pleurs elle voyoit Federic à genoux, qui n’en verſoit pas moins. Il la conjuroit tendrement d’employer ſon cre-