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nommé Leon, qui eſtoit élevé auprés de Federic ſe promenoit un jour avec luy, & voyant quantité de belles Dames ſuivies d’une foule de Courtiſans, ils continuerent leur promenade avec beaucoup d’indifference pour ceux qui les ſuivoient, ce que voyant le Prince Leon, avoüez, dit-il à Federic, que nous ſommes bien peu galans d’eſtre ſi ſolitaires à vingt pas de tant de beautez ; je l’avoüe, repartit Federic, nous pourrions du moins occuper agreablement nos jeux, puiſque noſtre cœur n’eſt pas encor en état d’eſtre ſenſible, mais c’eſt peut-eſtre le peu de peril qu’il y a pour nous qui fait noſtre peu d’empreſſement à le chercher. En verité mon cher Couſin, luy dit Leon, avec une naïveté toute charmante, ce peril eſt fort éloigné pour moy, & je me ſens encore ſi peu de diſpoſition à l’amour qu’il auroit beſoin de beaucoup de temps pour me preparer à eſtre touché. Il ne faut, luy repartit galamment Federic, que deux jeux, & peut-eſtre pas tant d’années pour vous faire changer de langage. Mais vous, luy repliqua encore une fois le Prince de Na-