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FEDERIC

À

AMALDÉE.

I’ay trop de raison de vous fuir, & je ne vous fuis pas autant que je le dois, mais ſi vous avez diſtingué dans mes fuites un air particulier, que ne le diſtinguez-vous tout à fait ; & pourquoy prenez-vous pour du mépris ce qui luy reſſembleroit ſi peu, ſi vous l’examiniez mieux. Puiſque vous faites une difference ſi juſte de ma maniere d’agir d’avec celle d’un rival ordinaire en portant la penetration un peu plus loin, vous ne prefereriez pas l’aigreur des rivaux à la delicateſſe d’un amy qui ne ſçauroit dire ny penſer rien de facheux pour celuy qui a merité ſon eſtime. Il y auroit moins que de la concurrence entre nous, ſi vous n’aimiez pas la Princeſſe de Mantoüe, & il y auroit peut-eſtre quelque choſe de plus agreable, ſi vous aviez mieux connu le Prince de Sicile, vous ne me demanderiez pas de me relaſcher d’un moment de ce que vous ſeparez ſi bien de la concurrence, peut-eſtre en ſouhaiteriez-vous la continuation avec autant d’ardeur que