Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/149

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méme eſtoit ſurpris de ce qu’il avoit dit, & quoy qu’il n’y trouvaſt rien que de raiſonnable, il en eſtoit pourtant malgré luy ſi fâché, qu’il penſa luy demander pardon de ce qu’il ne luy avoit pas offert ſa Maiſtreſſe, & qu’il l’avoit traité en rival vulgaire, puis le reprenant tout d’un coup, il ſe reſolut ſans rien debroüiller, de pourſuivre ſon premier deſſein, & amenant avec luy Federic qui n’eſtoit pas en état de luy reſiſter, ny de luy dire une ſeule parole, ils entrerent enſemble dans l’appartement de la Princeſſe de Mantoüe, & la trouvant ſeule, Madame, luy dit-il, il eſt temps que je ceſſe d’eſtre miſerable, ou que je le ſois pour toûjours, parlez, Madame, faut-il que je conſente à l’union de vos cœurs, parlez Federic, luy dit-il, en jettant quelques larmes, aimez vous trop la Princeſſe pour voir ſans chagrin le mariage auquel nous ſommes deſtinez. À cét endroit cruel, Federic ne put ſupporter toute ſa douleur il s’évanouit, & on appella du monde à ſon ſecours, il revint enfin, mais ſans vouloir parler au Prince de Majorque. Cette avanture fut ſçeuë de la Reine,