Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/133

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garder le lit s’il n’euſt point fallu voir la Reine : elle ſe flata que la maladie de Federic pouvoit eſtre quelque choſe d’approchant. Il luy ſembla qu’il l’avoit fort conſiderée, & même qu’il avoit pouſſé des ſoupirs en la regardant, & l’envie de luy en voir pouſſer encore quelques uns, luy fit un plaiſir qu’elle perdit en entrant dans ſa chambre ; on le trouva dans un eſtat pitoyable, ſes jeux eſtoient tous baignez de larmes, qu’à peine eſſuya-t’il pour elles. Il leur fut aiſé de juger qu’elles n’avoient toutes deux point de part à cette grande douleur. Les commencemens d’une paſſion ne ſont point ſi violens, & la Princeſſe de Mantoüe craignit avec raiſon que celuy qu’elle vouloit rendre ſenſible, ne le fut déja que trop. La Reine de ſon coſté n’ayant pas lieu de s’applaudir de ce profond chagrin, en conçeut un furieux dépit ; la converſation fut fort froide de part & d’autre & la viſite courte. Comme elles ſortoient, Amaldée entra. Federic le reçeut malgré luy avec beaucoup d’aigreur, bien qu’il n’euſt point voulu l’offenſer, il ne laiſſoit pas de le faire, il ſembloit à la Princeſſe