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de Mantouë regarda Federic avec aſſez d’application, & ne ſongea preſque point à tous les honneurs qu’on luy rendoit. Elle auroit bien voulu qu’il euſt eſté le Prince de Majorque, & quoy qu’Amaldée fut admirablement bien fait, elle n’eſtoit pas deſtinée à ſentir pour luy ce qu’elle commençoit à ſentir pour Federic. Ils avoient conçeu beaucoup d’eſtime l’un pour l’autre, & rien de plus, & jamais deux cœurs ne furent plus éloignés dans le temps qu’on les vouloit unir. Ils ſe rencontroient, il eſt vray au même point pour ce qui regardoit Federic, mais ce n’eſtoit pas le moyen de s’accorder. Le lendemain chacun ſe trouva avec des ſentimens ſi bizarres, qu’il ſembloit que l’amour euſt changé de lieu pour exercer mieux ſa vangeance, mais cette Princeſſe en portoit toûjours la ſourçe, & toutes les afflictions eſtoient mediocres auprés de la ſienne. Elle en eut un redoublement ſenſible par la jalouſie que luy donna Amaldée, elle ne l’avoit point encore connuë, & cette paſſion ſi violente dans tous les autres, n’eſtoit que douloureuſe chez elle, & par conſequent beau-