Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/122

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vit bien que la mauvaiſe fortune n’avoit fait tréve avec luy pour un moment, qu’afin de luy faire mieux goûter toutes les douleurs que ſon retour luy preparoit. La paſſion de la Reine, celle de Camille, & ſur tout celle qu’Amaldée étoit en état d’apprendre, luy faiſoit trouver un grand malheur dans toutes les autres, ce fut pourtant une eſpece d’avantage pour luy, qu’il eut toutes ces infortuneş enſemble, s’il les euſt euës ſeparément, elles auroient eſté plus vives, mais quand l’eſprit a tant de veuës, il ne s’arreſte ſur aucune, & l’on n’a de tous ſes maux qu’une idée confuſe qui n’eſt pas ſi violente, auſſi n’eſtoit-il qu’abattu. Mais la Reine eſtoit plus agitée, la penſée d’avoir cauſé le moindre chagrin à ce qu’elle aimoit, luy fit chercher inceſſamment les moyens de le tirer de peine. Elle n’attendoit qu’une occaſion favorable pour en parler · au Roy, dont l’eſprit eſtoit difficile à menager, elle fit tant qu’elle la trouva. Il falloit revoir Federic, ſa jalouſie eſtoit amortie par le temps, & elle n’avoit point d’autre chagrin que l’abſence, il falloit y remedier, elle remontra donc à