Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/119

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n’avoit point de ſuite, ſes mouvemens parurent dans leur naturel, & il reprit le ton de ſa voix. L’Amirale eſtoit trop ſincere ſur ce ſujet pour pouvoir rien cacher à la jalouſie. Camille entra dans une colere à cette veüe, que rien ne ſçauroit exprimer. Madame, luy dit-elle, je vous croyois fort occupée à des œuvres de pieté, mais l’habillement d’un homme que vous avez pris ne me perſuade pas que vous ayez eu ce motif, l’Amirale luy répondit aſſez fierement, car on ne garde point de rang entre des rivales, & la conformité des ſentimens égale les perſonnes en quelque façon ; elles firent une converſation fort aigre pendant quelque temps, puis enfin elles s’appaiſerent, voyant qu’il n’y avoit point de remede, & s’accorderent (eſperant ſe tromper l’une & l’autre) à demander un aveu en face au Prince de Sicile, & que l’Amante preferée jouiroit de ſon bon-heur, ſans que l’autre l’enviaſt ; elles conclurent donc enſemble qu’il falloit le ſurprendre, afin qu’il n’euſt pas le loiſir de rien conçerter & qu’il s’expliquaſt de bonne foy, mais elles ſe reſolurent toutes deux