Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/109

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perie, & aprés luy avoir dit les raiſons qui l’y avoient obligé, il le trouva diſpoſé à luy pardonner, ainſi tout le monde fut content. Le Roy n’avoit jamais ſenty une joye pareille à celle d’avoir le fils de Menfroy entre ſes mains, il ſouhaitta de le voir, & ce Prince l’ayant ſalué de fort bonne grace, & luy ayant parlé avec beaucoup d’eſprit, il eut quelque dépit ſecret de ce que ſon merite répondoit trop à ſa reputation ; mais la Reine en eut d’autres ſentimens, elle ſentit un double plaiſir à l’avoir pour ſon priſonnier, quand elle le trouva ſi bien fait, & obtint du Roy ſon époux qu’il n’auroit que la Ville pour priſon, eſperant luy faire perdre la liberté qu’elle luy donnoit & dés le lendemain elle en fit ſoupçonner quelque choſe à Federic, & peu de jours aprés elle luy parla ouvertement. C’eſtoit une beauté que les années n’avoit point encore effaçée, elle eſtoit galante, & penſoit bien meriter des vœux ſans les exiger ; il falloit pourtant quelquefois faire des avances, ſon rang l’empeſchoit au moins de connoiſtre les Amans qu’elle faiſoit ſoûpirer, & l’importunoit étrangement à l’occaſion