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Je n’ay pû hazarder avec vous ſon ſecret,
Et pour Tiberinus je prévois à regret…

TITUS.

Ha ! pour l’unique prix de l’amour le plus tendre,
D’eſtre à Tiberinus, tâchez à vous deffendre ;
Epargnez-moy, Madame, un ſi cruel ennuy ;
Je ne puis être à vous, ny vous ſouffrir à luy.

AQUILIE.

Vous pouvez de ce ſoin vous fier à ma haine ;
Mais ſous ce triſte joug ſi mon devoir m’entraîne ;
J’eſpere que les Dieux que touchera mon ſort,
Bien-toſt à mes douleurs accorderont la mort.



Scène II.

TITUS, ſeul.

He bien ! puis-je douter encor de ſa tendreſſe ?
Elle qui de mon ſort devroit être Maîtreſſe,
Avec quelle douceur m’a-t’elle pardonné
L’outrage que luy fait un refus obſtiné !
Quand Rome à les apas me paroît preferable,
Elle n’éclate point contre un Amant coupable.
Enfin elle veut bien renoncer à ſes droits ;
Et ſon cœur pour m’aimer ſemble prendre mes loix.
Que vous m’eſtes cruels Pere, Rome, Patrie !
Quels apas ! quel amour mon cœur vous ſacrifie !