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Surmonte la foibleſſe où ton cœur s’abandonne,
Plus j’eſtime Titus, & moins je luy pardonne ;
Je hâterois l’hymen dans l’eſpoir d’étouffer
Des feux dont un Romain doit toûjours triompher.
Tu connois mes deſſeins, ſuis-les ſans reſiſtance
Je veux, Tiberinus, la même obeïſſance,
Aquilius paroît vôtre amy dés long-tems,
Obtenez Aquilie, & mes vœux ſont contens.

TIBERINUS.

J’obeïray, Seigneur, plus heureux que mon frere,
Je l’adore, & je puis l’aimer ſans vous déplaire.

TITUS.

Seigneur…

BRUTUS.

Ne pourſuis pas un indigne diſcours,
Brutus eſt ſans égard pour d’aveugles amours ;
L’amour dans vos pareils ne fait point l’hymenée.
Je n’écouteray rien, ma parole eſt donnée.



Scène V.

TITUS, MARCELLUS.
TITUS.

Je demeure interdit, deſeſperé, confus,
Dans ce malheur preſſant, je ne me connois plus.
Ciel ! on m’ôte Aquilie, on m’arrache à moi-même
Lorsque je ſuis aimé, je perdrois ce que j’aime ?