Page:Bernard - Brutus.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelques ſentimens naturels ; s’il ne devoit pas eſtre ſenſible pour ſon fils, il le devoit du moins eſtre à la vertu heroïque de ce fils.

On a pû remarquer que je luy donne beaucoup de dureté pour Tiberinus, il ne change point enſuite, quand il s’adoucit à la veuë d’un courage digne du ſien, c’eſt le même ſentiment ſous une autre forme. Il eſt vray que je le fais parler également de ſes deux fils dans le cinquiéme Acte, mais il n’a pû ſeparer leurs intereſts, puiſqu’ils étoient tombez dans la même faute ; & il eſt aiſé de voir que ce n’est que Titus qui attire toute ſa pitié.

Il me reſte quelque choſe à dire ſur Vindicius, pour ceux qui ne ſçavent pas que c’est un trait hiſtorique qu’il fut affranchy, pour avoir découvert la conjuration qui ſe faiſoit pour Tarquin. Le même amour de la Patrie dont j’ay déja parlé, ſuffit, ce me ſemble, pour juſtifier le ſoin que Titus prend de demander la liberté de cet eſclave ; il étoit de l’intereſt de Rome qu’un ſi grand ſervice ne demeuraſt pas ſans recompenſe.