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LES INSTRUCTIONS SECRÈTES

en règle[1], comme il convenait envers un maître de théologie, lui démontra son erreur. Le Carme fut persuadé ; il rendit les armes et mit au jour Autre Trompette, — Tuba altera[2], par laquelle il exprime ainsi ses sentiments : « Au quatorzième coup de trompette, nous réclamions la Réforme des Monita Secreta. Mais le P. Huylenbroucq rejette ces Instructions impies, et il a raison. La Société, dit-il, les condamne ; elle les repousse avec horreur. Il prouve l’absurdité de la fable… Je me range volontiers à son avis et je croirai, par conséquent, que ces Monita impies n’ont jamais été composés par les Jésuites ? »

Les éditeurs modernes sont d’une conscience moins timide. « Authentiques ? » déclare Sauvestre dans la Préface de ses Instructions secrètes : « qu’on interroge les Jésuites ! » — « Authentique ? » reprend des Pilliers, « qu’est-ce que cela peut bien nous faire ? » — À la bonne heure !

Quant aux bibliographes et aux critiques de profession, ils n’ont qu’un avis, absolument catégorique. Le Dictionnaire des Anonymes de Barbier[3], la Realencyclopædie[4], le Catalogue du British Museum mettent la pièce, incontestablement, au nombre des apocryphes. Gieseler[5], Huber[6], Reusch[7], Tschakert[8], tous ennemis

  1. Huylenbroucq, Vindicationes alteræ, Gandavi, 1713.
  2. Tuba altera… Argentinæ 1714, p. 178.
  3. Dictionnaire des ouvrages anonymes, t. IV, p. 1316.
  4. Art. Monita Secreta, t. VIII, p. 747.
  5. Lehrbuch der Kirchengeschichte, Bonn 1853, t. III, p. 657.
  6. Der Jesuitenorden, Berlin 1873, p. 106.
  7. Theolog. Litteraturzeitung, Dec. 1890. Cf. Index verbotener Bücher, t. II, p. 281.
  8. Die Unvereinbarkeit des Jesuitenordens mit dem Deutschen Reiche, Berlin 1891, p. 5.