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DES JÉSUITES

des catholiques du monde entier, sans que personne ait jamais soupçonné la vie occulte et misérable de ces hommes, sans que l’on soit en mesure d’articuler un fait, un grief qui les amène devant les tribunaux, sans que les « profanes » d’un tel Institut, en contact journalier et intime avec les « initiés », découvrent ou devinent jamais le moindre de ces secrets, rien de suspect ni de blâmable ?

Comment peut-il se faire, aussi, que tous les chefs soient d’infâmes coquins, et les subordonnés des gens d’une vertu assez pure et rayonnante pour que le monde, au dire de Zahorowski, en soit tout édifié ? Et n’avait-il pas en effet sous les yeux, ce pauvre Zahorowski, des modèles d’une angélique candeur, les Louis de Gonzague, les Jean Berckmans, et, plus près de lui encore, l’une des gloires les plus douces de la Pologne, l’aimable et céleste Stanislas Kostka ?

M. Hochstetter et ses amis arriveront-ils ou même chercheront-ils à concilier ces inconciliables contradictions ?

Au fait, pourquoi pas ? Quand une imagination hantée se met en campagne avec une telle furie, — le furor teutonicus, — non, il n’est pas absolument impossible de se forger un idéal de noirceur et de perversité supramondiales, dont l’incohérence apparaisse précisément comme le sceau le plus authentique de la réalité : L’être humain a de ces profondeurs !… Soit ; mais alors, dès qu’on en revient au côté pratique, à la forme concrète d’exécution, voici qu’une autre difficulté surgit, diamétralement opposée : Quels moyens peuvent bien être de taille à atteindre une telle fin ? En fait, par quel art infernal, par quelle sor-