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LES INSTRUCTIONS SECRÈTES

Mémorial des provinciaux, il se hâte de prescrire une minutieuse enquête ; les anciens Pères sont interrogés, leurs dépositions consignées et, du coup, le prétendu mystère s’éclaircit. Le commissaire Luytgens écrit dans son rapport : « Je n’ai rien découvert jusqu’ici de répréhensible. » Certes, si une copie des Monita s’était trouvée parmi les archives du Recteur, quelle autre chanson !

Ainsi le Protocole et l’Inventaire témoignent directement qu’il n’y avait aucun exemplaire des Monita au collège de Ruremonde. Par quel don de seconde vue, M. Hochstetter déchiffre-t-il dans les documents ce que nul autre humain ne saurait y voir ?

Quant au manuscrit lui-même, il faudrait une singulière bonne volonté pour l’attribuer à un Jésuite, surtout à un « chef » de Jésuites. Manifestement il est d’un copiste ignorant son Despautère, depuis le rudiment. J’ai eu, comme M. Hochstetter, et après lui, la curiosité de parcourir, pour l’acquit de ma conscience et pour la pacification de mon âme, ces feuillets révélateurs. Les inadvertances, les méprises, les énormes bévues dont il est littéralement hérissé, accusent une transcription de main extraordinairement calleuse. De là à un autographe de chef d’Ordre, infinie est la distance. Comment M. Hochstetter, en la franchissant, a-t-il pu fournir ce bond prodigieux ?

Voudrait-on des exemples ? Il suffit d’ouvrir au hasard le fascicule, et pour qu’on ne me soupçonne point de choisir les passages, voici le début lui-même, Chapitre premier, no 1 :