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LES INSTRUCTIONS SECRÈTES

en est-il besoin ? Faut-il un si rare effort de bon sens pour arriver à une conclusion aussi naturelle ?

Toutefois, puisque M. Hochstetter et avec lui certains historiens continuent à s’appuyer sur ce fait, pour prouver l’authenticité des Monita, je veux bien les suivre encore un instant sur cette voie et discuter jusqu’au bout l’argument. Au reste, il n’y a que cet argument à discuter, puisqu’il constitue à lui seul l’unique base de toute l’argumentation historique des adversaires, la seule raison invoquée — et il est difficile en effet d’en imaginer une autre ; mais aussi on la certifie péremptoire.

Voici, par exemple, comme elle vient d’être formulée tout récemment dans un important ouvrage en cours de publication, la Grande Encyclopédie, sous la direction de M. Berthelot, membre de l’Académie des Sciences et de l’Académie française. L’article est signé de M. H. Vollet, docteur en droit ; il se trouve au tome XXIV, page 46, sous la rubrique Monita Secreta :

« En 1612 (sic), un livre intitulé Monita privata Soc. Jesu fut imprimé à Cracovie. Les instructions qui se trouvaient ainsi publiées n’ont été rédigées que pour être communiquées sous le sceau du plus profond secret, à quelques membres de la Compagnie dévoués et sûrs. Elles concernent la conduite à suivre dans les affaires les plus importantes, et elles formulent avec une audace ingénue, expliquée par leur caractère confidentiel, l’enseignement des vues ambitieuses, des menées tortueuses et des manœuvres perverses que les adversaires des Jésuites attribuent à l’Ordre. En 1615, Pierre Tilcki (sic), évêque de