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LES INSTRUCTIONS SECRÈTES

Plus tard, en 1882, l’historien Philippson était revenu sur cette thèse pour la corroborer et la préciser[1]. Mais toute son argumentation s’appuyait uniquement sur l’existence de « deux exemplaires manuscrits » de ces Instructions à la Bibliothèque de l’Académie de Munich. Fragile appui ; car le plus ancien de ces documents datait selon toute vraisemblance, de la fin du xviie siècle, et l’autre portait le chiffre de 1738. Il ne fallait donc pas songer à voir en aucun d’eux l’original.

« L’original ? Mais nous l’avons ! annonçait à son tour le célèbre archiviste belge L. P. Gachard. Il est déposé aux Archives générales du Royaume, à Bruxelles, cote 730a. Il provient des fardes du collège de Ruremonde. » Témoignage qui n’était pas sans poids assurément… Mais bientôt, le savant P. Van Aken découvre que le manuscrit appartient au type janséniste, par là même à une époque relativement récente, et MM. Pinchard et Piot préposés aux Archives déclarèrent à leur tour que la provenance du manuscrit restait plus que douteuse et que rien ne justifiait à leurs yeux ce nom de manuscrit de Ruremonde[2].

La question se posait donc à nouveau ? — « Pas le moins du monde. Elle est maintenant résolue, affirmait alors Youri Samarine. L’original est à Prague et voici que j’en publie le texte avec la traduction. » Le texte parut en effet, avec la traduction russe, dans les œuvres de l’historien philosophe, en 1886[3]… Mais, ici encore, tout le monde s’accordait à penser, contre Sama-

  1. Westeuropa im Zeitalter von Philipp II, Berlin, 1882, p. 63.
  2. Cf. Précis Hist., 1881, p. 355 sq.
  3. Revue des quest. hist., 1887, t. XLII, p. 587.