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DES JÉSUITES

dans les Universités protestantes, de les discuter, comme vrais et solides documents, s’infligeant à elle-même l’inoubliable ridicule de prendre un faux de cette nature pour un authentique, c’est là une de ces surprenantes aventures dont l’histoire, certes, n’est pas coutumière et qui constituerait bien la plus insoluble des énigmes, si depuis longtemps et par d’illustres exemples, l’expérience ne nous enseignait à quel point l’esprit public est mal armé contre l’erreur et ce que peut faire de cerveaux humains la tyrannie du préjugé, lorsque ce préjugé tient de race et d’éducation et qu’il a définitivement teinté l’intelligence de ses propres couleurs, jusqu’à lui montrer blanc ce qui est noir, et noir ce qui est blanc.

Un pareil état d’esprit ne se corrige que rarement, et peut-être jamais tout à fait. Voilà pourquoi nombre de protestants ont pu accepter de confiance la fable des Monita, et n’est-ce pas ainsi que la psychologie doit expliquer l’histoire ?

Zahorowski avait à peine lancé son édition des Monita privata, en Pologne, que trois éditions nouvelles paraissaient successivement d’abord en Bohème, sans date ferme, mais probablement en 1614, puis à Paris en 1615, à Cracovie en 1616. Toutes sortaient de presses clandestines et, clandestinement, se propageaient.

Voici du reste la liste, intéressante à bien des égards, des éditions du xviie siècle, telle qu’elle a été dressée par le P. Van Aken, dans les Précis historiques, No10, page 432 et suivantes. Les titres seuls mériteraient une étude ; nous en donnons, tout au moins la nomenclature en les traduisant :