Page:Bernard, Les instructions secrètes des jésuites, Bloud et Cie, 1903.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.
13
DES JÉSUITES

remettre[1], lorsque déjà avaient paru contre la Compagnie ses Monita privata.

Mais cette fois, et de ce chef, une enquête autrement redoutable se poursuivait. L’Inquisition se mettait en mouvement, non pas certes contre les Jésuites, mais contre le calomniateur, et Zahorowski, estimant sans doute que la cause dont il s’était fait le champion ne valait point sa tête, se comportait, devant les commissaires spéciaux[2] du nonce et devant ses juges, très prudemment. Enfermé, comme Twardowsky, le Faust polonais, dans le cercle magique de ses négations, il était insaisissable et jura tout ce qu’on voulut. Contre la Compagnie, il n’avait aucun grief : il l’honorait fort. Impossible de tirer de lui d’autres aveux.

Sur ces entrefaites, la mort de l’évêque Pierre Tylicki retarda la sentence ; rendue peu après, le 20 août 1616, par l’administrateur de l’évêché de Cracovie, André Lipski, et affichée aux portes de toutes les églises de la cité, elle condamnait et proscrivait le libelle « comme portant un titre fictif, injurieux, rempli de calomnies, d’outrages, de sarcasmes, nuisible et pernicieux à quiconque voudrait le lire[3] ».

Ce n’était pas assez. Désireux d’obtenir une prohition générale et solennelle, le nouvel évêque de Cracovie, Martin Syskowski, se fondant sur le jugement déjà rendu par le tribunal de l’Inquisition, demanda au Saint-Siège, par requête officielle, une condamnation pontificale. Mais déjà la

  1. Sommervogel, ib., p. 87
  2. Gretser, op. cit., p. 1015 sq.
  3. Le document se trouve dans l’Apologie de Gretser, p. 1014 sq.