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SOUS LE SOLEIL DE SATAN

terreur accueillait comme un visage ami dans un effrayant rêve, puis de plus en plus confondue avec le témoignage intérieur, le murmure déchirant de la conscience troublée dans sa source profonde, tellement que les deux voix ne faisaient plus qu’une plainte unique, comme au seul jet de sang vermeil.

Mais quand il fit silence, elle se sentit vivre encore.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Ce silence se prolongea longtemps, ou du moins un temps impossible à mesurer, indiscernable. Puis la voix — mais venue de si loin ! — parvint de nouveau à ses oreilles.

— Remettez-vous, disait-elle. N’abusez pas de vos forces. Vous en avez assez dit.

— Assez dit ? Qu’ai-je dit ? Je n’ai rien dit.

— Nous avons parlé, reprit la voix. Et même nous avons parlé longtemps. Voyez comme le ciel s’éclaircit : la nuit s’achève.

— Ai-je parlé ? répéta-t-elle, d’un ton suppliant.

Et tout à coup (ainsi qu’au réveil surgit de la mémoire, avec une brutale évidence, l’acte accompli) :