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SOUS LE SOLEIL DE SATAN

la cantonade que « le pauvre Monsieur a bien du mal à passer », maintenant délivré, libre, avec un projet en tête — ô délices ! — une petite fièvre à fleur de peau… En six semaines tout peut être décidé, conclu. Il trouvera quelque part, à la lisière d’un bois, une de ces maisons mi-paysannes, mi-bourgeoises, entre deux humides pelouses vertes. La conversion de Saint-Marin, sa retraite à Lumbres… le cri de triomphe des dévots… la première interview… une délicate mise au point… qui sera comme le testament du grand homme : une suprême caresse à la jeunesse, à la beauté, au plaisir perdus, non point reniés, puis le silence, le grand silence, où le public ensevelit pieusement, côte à côte, dans leur solitude de Lumbres, le philosophe et le saint.


L’obsession devient si forte qu’il croit rêver, perd un moment contact, frissonne en se retrouvant seul. Ce réveil trop brusque a rompu l’équilibre, le laisse agité, nerveux. Il regarde avec méfiance le confessionnal vide, si proche. La porte close au rideau vert l’invite… Hé quoi ! quelle meilleure occasion de voir plus que le pauvre logis du bonhomme, son grabat, sa