Page:Bernanos - Sous le soleil de Satan, tome 2, 1926.djvu/200

Cette page a été validée par deux contributeurs.
208
SOUS LE SOLEIL DE SATAN

Au premier étage, le curé de Luzarnes, désignant à l’extrémité d’un long couloir une porte entr’ouverte :

— Permettez-moi de vous précéder, fit-il.

Ils entrèrent après lui. La lampe, tenue à bout de bras, éclairait une longue salle mansardée, peinte à la chaux, et qui parut d’abord absolument vide. Le parquet de sapin, récemment lavé, exhalait une odeur tenace. Quelques meubles, ingénument rangés contre la muraille, apparurent, dénoncés par leurs ombres : deux chaises de paille, un prie-Dieu, une courte table chargée de livres…

— Cela ressemble à n’importe quel grenier d’étudiant pauvre, dit Saint-Marin, déçu.

Mais le futur chanoine, infatigable, les entraînait plus loin, penchant vers le sol son lumignon fumant.

— Voilà son lit, dit cet homme incomparable, avec une espèce de fierté.

L’enfant terrible de Chavranches, et l’écrivain, pourtant tous deux sans vergogne, échangèrent par-dessus le large dos un sourire gêné. La paillasse, ridiculement étroite et menue, couverte d’un amas de hardes, faisait à elle seule un spectacle d’une assez pitoyable mélan-