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SOUS LE SOLEIL DE SATAN

peut-être pas toujours les excès de votre zèle, ces rigueurs de pénitence, ces jeûnes, ces veilles… »

Il allait, il allait, pressé de conclure, donnant à pleines mains son emplâtre et ses baumes, quand une voix, d’un accent si singulier, ah ! certes une voix si singulière, si peu attendue, d’un homme qui n’avait point écouté, qui n’écouterait plus, dont la seule plainte restituait au néant l’éloquence déçue.

— Mon ami, mon ami, je n’en puis plus. Je suis à bout.

Une autre parole trembla sur ses lèvres, qu’il n’acheva pas. Mais le vigilant confrère, un moment déconcerté :

— Ce désespoir…, commença-t-il.

Le curé de Lumbres posait déjà sur la sienne une main impérieuse, fébrile.

— Écartons-nous un peu, dit-il, je vous en prie, jusque-là.

Ils s’arrêtèrent au pied d’un mur tout croulant. Quelle joyeuse vie bourdonnait autour !

— Je suis à bout, reprit la voix lamentable. Ah ! par pitié, mon ami, à présent mon unique ami, que votre charité ne vous égare pas. Soyez dur ! Je ne suis qu’un prêtre indigne, un