Page:Bernanos - Sous le soleil de Satan, tome 2, 1926.djvu/111

Cette page a été validée par deux contributeurs.
119
LE SAINT DE LUMBRES

au dehors, à quelques pas, au milieu des poules effarouchées.

— Je suis honteux, mon ami, véritablement honteux, dit-il de sa voix la plus douce, je vous prie d’excuser… l’ignorance de cette pauvre dame… Je vous prie aussi… de me pardonner… Nous parlerons de ça plus tard, conclut-il sur un autre ton, et vous verrez que je suis… le plus coupable des deux…

M. le curé de Luzarnes sentait sur son bras l’étreinte des doigts nerveux, un peu tremblants. Jusque dans l’humiliation volontaire de cet homme surnaturel, le don qu’il avait reçu rejaillissait au dehors, et il agissait encore en maître.

— Mon bon confrère, répondit l’ancien professeur de chimie, déjà moins jovial, ne vous accusez pas devant moi… Je passe, à tort ou à raison, pour un esprit fort, et même, auprès de quelques-uns, pour un mauvais esprit… Formation scientifique, vous savez, voilà tout… des nuances, un vocabulaire un peu différent… Mais je n’en ai pas moins… la plus grande estime pour votre caractère…

Il parlait, les yeux baissés, avec un embarras grandissant. Il se sentait ridicule, odieux peut--