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HISTOIRE DE MOUCHETTE

sards qui mettent dans les meilleurs ménages, disait-il, la zizanie ». Il parlait aussi, en termes sibyllins, des vices secrets qui ruinent la santé des demoiselles, et dont elles apprennent au couvent la pratique et la théorie. « Les nonnes travaillent les filles en faveur du prêtre » était une de ses maximes. « Elles ruinent d’avance l’autorité du mari », concluait-il en frappant du poing sur la table. Car il n’entendait pas qu’on plaisantât sur le droit conjugal, le seul que certains libérateurs du genre humain veulent absolu.

Lorsque Mme  Malorthy se plaignait encore que leur fille n’eût point d’amies, et ne quittât guère le petit jardin aux ifs taillés, funéraire :

— Laisse-la en paix, répondait-il. Les filles de ce sacré pays sont pleines de malice. Avec son patronage, ses enfants de Marie et le reste, le curé les tient une heure chaque dimanche. Gare là-dessous ! Si tu voulais lui apprendre la vie, tu devais m’obéir, et l’envoyer au lycée de Montreuil, elle aurait son brevet maintenant ! Mais à son âge, des amitiés de fillette, ça ne vaut rien… Je sais ce que je dis…

Ainsi parlait Malorthy, sur la foi du député Gallet, que ces délicats problèmes d’éducation féminine ne laissaient pas indifférent. Le pauvre petit homme, en effet, nommé jadis